mercredi 24 novembre 2010

In situ : dans le métro - atelier d'écriture échoué

On était supposée aller à un atelier d'écriture dans le métro, mardi après-midi, Jessica et moi. Ça semblait prometteur, ça me faisait penser au cours de littérature que j'ai du annuler pour cette session-ci à cause de mon nouveau programme, un cours de création crève-coeur que j'avais vraiment envie de suivre, des déambulations montréalaises, des calepins, je voyais ça beau, je voyais ça urbain.

Je sais pas si c'est mon revirement de bord spontané sur la vie montréalaise ou bedon juste la fatigue ou le stress accumulé mais j'avais la tête pas mal à côté de mon corps, je hochais et je souriais et je me demandais juste si j'allais pouvoir m'en sortir.

La perspective de passer une heure et demie seule à arpenter les métros hérissait chaque poil de mes bras, un peu plus et je m'accrochais avec fureur et vigueur à mon amie, j'aurais fait des bassesses pour la convaincre de ne pas y aller et de nous attabler devant de la nourriture réconfortante et chaude, mais je n'ai pas eu à user de créativité pour parvenir à mes fins, on était plutôt dans le même mood.

Ce que j'ai pas osé dire, parce que je me trouvais ridicule, c'est qu'avec mon carnet j'avais essayé - pitoyablement de m'exercer à la chose avant d'arriver en atelier, pour de multiples raisons. D'abord parce que je suis intimidée par tous ces gens en littérature un peu funky, urbain, hipster, à l'aise - genre, beaucoup plus que moi. Deuxièmement, parce que mon complexe d'imposteur se fracassait violemment contre ma poitrine, comme une espèce de vague continue, j'avais chaud, je suais mon incapacité à assumer ma présence : t'as rien à faire ici, crisse.

Anyway...
Comme je me dis que ça peut bien partir un nouveau  blog public que de m'exposer comme ça, en assumant que c'est pas ben bon et que j'ai pas ben ben de skills pour l'écriture urbaine - maudit mot récurrent, alors...voici le fruit - même pas retravaillé - de mes notes de métros. J'ai du arrêté après la moitié de la ligne verte que j'avais à parcourir vers Berri, j'avais fucking mal au coeur, un fucking mal au coeur de mal des transports.

J'ai même pas donné de titre, sauf cette entête très originale :

Notes pré-atelier.

Ce qui est fascinant avec le métro
Jacinthe. L'inconnue de l'inconnu, pourtant si proche.

Témoin d'instants volés ou d'éclats d'intimité.
L'écriture brouillonne parce que rien n'est solide, ça bouge, ça tangue, on fait confiance aveuglément à l'acier et à ce système impossible à saisir, ça fonctionne comment, un métro ?
Je google beaucoup de choses mais jamais les bonnes.
La musique des autres passagers enterre mes pensées mais pas trop, juste assez pour me laisser imaginer le quotidien de ces autres.

Comme la jeune fille trop maquillée et trop peu vêtue qui retirait un vingt ou peut-être deux-trois du guichet automatique avant de le brandir d'un air triomphant sous le nez de son amie, son homologue, leurs deux manteaux de poils presque identique, elles sont comme figées, elles ne parlent pas, elles contemplent le vide, je pense. Ou elles se contemplent.

Comme l'homme qui ressemble à mon beaucoup trop séduisant professeur préféré. Je cesse d'écrire, je m'octroie quelques stations, deux-trois encore, pour divaguer et fantasmer.

Charlevoix. La station de celui qui aurait pu être un ami - mais finalement, non. Je pense à lui avec un petit peu de peine derrière les yeux, je me dis, il aurait peut-être pu embarquer à ce moment-là, ça aurait été le fun, de le voir, mais non.

Je pense qu'il m'est possible d'associer à chacune des stations - ou presque - un souvenir, une anecdote.
Je le fais mentalement. J'y arrive même avec De Castelneau, la station la plus obscure à mes yeux.
Il est certain que j'irai y faire un tour durant l'atelier.

Je pense que j'aimerais ça tomber en amour à la station De Castelneau, ça ferait une belle histoire à raconter...

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